BERLIN / RADIALSYSTEM: PETITE MESSE SOLONNELLE
"Tu as vu le pape, Benoît ? Oui. Le pape t'a vu ? ..." Le Radialsystem Berlin à Friedrichshain a réintroduit la traduction scénique de l'œuvre tardive de Rossini, "Petite Messe solonnelle", en coproduction avec le Kunstfest Weimar et "Nico and the Navigators". Dans le hall d'une station de pompage d'eaux usées historique de Berlin, dans le style du gothique en briques du Mark Brandenburg, l'équipe autour du metteur en scène Nicola Hümpel (scène Oliver Proske, costumes Frauke Ritter) a hissé une sorte de half-pipe sur la scène autrement vide. Dans ce film, une bande de citadins agités se balade à la recherche de leur dieu, motivés, compulsifs, racontant n'importe quoi, manœuvrant eux-mêmes avec leur conditionnalité adolescente dans le chaos entre les roses blanches et les touffes d'argent. Mais ce que les jeunes peuvent vraiment faire et ce qui les rapproche de la réalité, c'est de faire de la musique. Soutenus par les excellents pianistes David Zobel, Alevtina Sagitullina et Jan Gerdes à l'harmonium, nous entendons une "Petite Messe solonnelle" magnifiquement chantée par tous les participants. Dans le cas de l'exceptionnelle soprano solo Rebecca Gerdes, même à un niveau de classe mondiale absolue. La façon dont cette artiste, dans sa robe bleue chatoyante, roucoulait délicatement des ornements, plaçait des acuti comme des colonnes dans la pièce, expérimentait des rythmes et des mots, projetait son noble instrument parfaitement assis et cristallin dans cette action chantante comme des étoiles de lumière dans la pièce, était mouvementée. Mais la mezzo-soprano croate Kora Pavelić, le ténor d'origine serbe Miloš Bulajić et le baryton russe blanc Nikolay Borchev sont également convaincants, et pas seulement vocalement, dans cette délicieuse farce sur l'ambivalence des sentiments humains. Ils examinent tous la vie des dodus pour une approche possible de la foi, du doute et de l'ironie humoristique. Rossini schau oba ! Ils ont compris votre masse grandiose entre véracité et aberration du goût, spiritualité lucide et tonalité pompeuse d'opéra. Accompagnés d'un petit chœur typé, les interprètes Yui Kawaguchi, Martin Clausen, Charles Adrian Gillot et Patric Schott suivent le chemin de la musique au plus profond de leur âme. Tantôt le paradis et l'enfer, tantôt la culpabilité et la mauvaise conscience, ils pantomètrent la diversité stylistique de la musique d'église, qui fut créée en 1864 dans la chapelle privée du noble parisien Comte Michel-Frédéric Pillet-Will. Cependant, il y a trop de paroles dans la production. Le gourou anglophone, vêtu d'une robe brune de moine et de lunettes de soleil orange, veut donner des conseils "intelligents" au chercheur de vérité prétentieux en costume crème et col roulé, mais échoue lamentablement dans la scène la plus poétique de la pièce. Les deux jeunes gens détachent des marches courbes d'une pyramide assise et effectuent des acrobaties en se balançant. Ici, l'élève s'avère être le maître. La musique, sous la direction experte du chef d'orchestre Nicholas Jenkins, qui se promène également sur la scène, est si forte et pesante (et surpasse en effet tous les enregistrements sur CD que je connais) que la confusion scénique provoque souvent le rire, mais parfois, dans les passages purement dialogués, elle ne va pas au-delà du burlesque bien intentionné. Le public n'a même pas besoin d'essayer de classer l'agitation hippie sur scène dans des chaînes d'association logiques. Il fait son travail, mais néglige finalement le côté spirituel, le côté délicatement lyrique-poétique. Je me suis souvent demandé quelles images théâtrales Ariane Mnouchkine aurait distillées de la musique de Rossini, solidement affirmée et pourtant angélique. Néanmoins, la soirée s'est avérée stimulante, divertissante et typiquement berlinoise. Le vieux principe philosophique "Prima la musica e poi le parole" n'a en tout cas pas été mis à mal par cette production. Vive le maestro de l'opéra comique, le gourmet, le préretraité, le farceur et le farceur dans toutes les allées Rossini !
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