Performance Spoken Word pour le centenaire de la mort de Franz Kafka Nico and the Navigators : « Post.Kafka »

Un avant-goût signé Frauke Thiele


L’année Kafka 2024 touche à sa fin. Juste à temps, la compagnie berlinoise de théâtre musical Nico and the Navigators a mis en scène une soirée autour de la célèbre Lettre au père de Franz Kafka. Le texte est mêlé aux Fragments Kafka de György Kurtág. Une performance Spoken Word en collaboration avec la Literaturhaus Berlin. Ce qui est particulièrement intéressant : Kafka est interprété par trois femmes – la chanteuse Herdís Anna Jónasdóttir, l’actrice Annedore Kleist et la violoniste Elfa Rún Kristinsdóttir.


Frauke Thiele, journaliste culture pour radio3, a assisté à la répétition générale de Post.Kafka à la Villa Elisabeth, peu avant la première.


[Ambiance musicale]


Les trois femmes portent de larges pantalons, les chemises sont rentrées de façon décontractée, la cravate assortie. Cela évoque un peu les uniformes d’aviatrices des années 1920. Les coiffures sont relevées de manière excentrique, les lèvres rouges, les yeux légèrement maquillés. Une esthétique déjà un peu absurde :


[Extrait son : texte + musique]


Elles jouent Lettre au père, soulignent les mots douloureux par des expressions faciales intenses, des bouches contractées, des regards étonnés par-dessus l’épaule, ou des déplacements rapides en file indienne sur la musique dissonante de Kurtág – ses Fragments Kafka pour violon et soprano.


Nicola Hümpel est la metteuse en scène de Nico and the Navigators.


Hümpel : « J’ai trouvé extrêmement passionnant de combiner les fragments avec la lettre, parce que les deux éléments se renforcent mutuellement. Ce sont des moments d’émotion pure – c’est une musique qu’on ne peut pas simplement écouter d’un trait, car elle est véritablement douloureuse et reflète l’état émotionnel intérieur de Kafka. Et ce qui est génial, c’est que, maintenant, on a l’impression qu’ils ont toujours appartenu ensemble. »


[Extrait son : texte + musique]


Hümpel : « Ce que la musique exprime avec une grande force, c’est cette folie qu’on retrouve dans ses textes – la manière dont son esprit saute d’un monde à l’autre. Et ce contraste avec un texte très réaliste, biographique, personnel – cela révèle les deux facettes de Kafka. »


[Extrait son : texte + musique]


Kafka a écrit sa Lettre au père en 1919. Il avait alors une trentaine d’années et projetait, une fois de plus, de se marier – projet qui échoua encore. Dans la lettre, il analyse avec précision pourquoi, selon lui, son père est responsable de son incapacité à s’engager.


[Extrait son : texte seul]


Lettre au père est une tentative de trouver les mots justes pour exprimer un malaise face à la figure paternelle et à ses attentes – attentes qui ne coïncident en rien avec les siennes. Un thème intemporel. Le titre Post.Kafka le suggère bien.


[Extrait son : musique + texte]


Mais toutes les paroles de Franz Kafka ne sont pas prises au sérieux par les trois interprètes – un sourire malicieux, un rictus, un éclat de rire – et tout bascule dans l’absurde…


[Extrait son : humour et ironie]


Hümpel : « Elles ne se prennent pas trop au sérieux. Et elles remarquent bien sûr que Kafka lui-même peut être vu de manière critique – ses émotions, sa manière d’évaluer la vie sont ambiguës. On peut tous s’y reconnaître. C’était important pour moi d’apporter une certaine légèreté, de l’humour, de l’ironie… »

Par moments, la scène se couvre de nuages vaporeux – une des trois interprètes se promène avec une petite machine à fumée – tout devient flou…


[Extrait son : dissolution]


Hümpel : « C’est bien sûr kafkaïen. On est plongé dans un brouillard de textes, de pensées, et dans la musique incroyablement dissonante de Kurtág. On s’y perd parfois. Et c’est précisément ce que Kafka décrit dans la lettre. Il y raconte sans cesse comment il se perd, comment il se dissout. »


[Extrait son : musique]


Nico and the Navigators joue Post.Kafka pendant trois soirs à la Villa Elisabeth, dans le quartier Mitte de Berlin. Chaque soir à 20h. Billets : 15 euros, tarif réduit : 10 euros.




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