A une époque où la peur produit de petits héros et de grands démiurges, où par désoeuvrement on s’achète du savon antibactérien pour se sentir en sécurité jusqu’au dernier pore, tandis que les vraies menaces nous laissent apathiques, Nico and the Navigators s’interrogent sur leurs propres angoisses et atermoiements.
A une époque où la peur produit de petits héros et de grands démiurges, à une époque où par désoeuvrement on achète du savon antibactérien pour se sentir en sécurité jusqu’au dernier pore, tandis que les vraies menaces nous laissent apathiques, Nico and the Navigators s’interrogent sur leurs propres angoisses, errements et atermoiements.
« …La peur est comparable au vertige. S’il arrive à quelqu’un de porter son regard dans le vide, depuis une grande hauteur, alors il est pris de vertige. Mais quelle en est l’origine ? Son œil autant que l’abîme, si l’on part du principe qu’il aurait pu ne pas le fixer. De la même manière, la peur est le vertige de la liberté, qui naît quand l’esprit veut opérer la synthèse, et que la liberté contemple ce qu’elle recèle comme potentialités propres et puis qu’elle se saisit de sa finalité pour s’y maintenir attachée… » Søren Kierkegaard
À LA SURFACE DE L’ABYSSE
Le Helmut qui est visible dans les lettres majuscules du titre est à peine évoqué ce soir-là. Au lieu de cela, la pièce raconte par fragments les peurs anciennes et toujours présentes que la vie présente avec désinvolture – et les postures possibles avec lesquelles on peut les affronter. Combien d’abysse se cache sous la surface d’une table ? Pourquoi les humains projettent-ils souvent des ombres plus grandes qu’eux-mêmes ? Et quelles stratégies doit-on développer contre ces peurs ? « HELden & KleinMUT » montre comment on peut se persuader de ses appréhensions ou s’en dissuader, comment on peut les minimiser, les ridiculiser ou les surmonter. La mise en scène joue avec l’ambivalence de l’inconnu, que l’on désire et que l’on craint en même temps, racontant des histoires de postures timides ou paralysées face à l’imprévisible. Les cheveux sont peignés comme une visière, et les lèvres sont tracées en rouge vif, des formes désespérément comiques sont conservées dans la bataille contre les surprises indésirables. La scénographie, avec ses balcons et un bord de puits apparemment sans fond mais en réalité juste au niveau du sol, suggère la précipice des existences présentées au public. Et finalement, un obstacle inoffensif mais inévitable ou un hachoir à viande défectueux fournissent les meilleures descriptions de ce qui peut menacer une personne si elle l’imagine assez intensément.
Avec « HELden & KleinMUT », non seulement un nouvel ensemble de scène avec des artistes internationaux de Belgique, du Japon, d’Afrique du Sud et d’Autriche voit le jour, mais les Nico and the Navigators sont également accompagnés pour la première fois par des musiciens en direct : Steffen Martin & João Orecchia offrent une approche subtile du théâtre musical avec guitare et électronique. Suite à cette production, le CD « Each of us is one of them » est également créé.
ANDREAS HILLGER
…Avec un merveilleux sens de la lenteur et des éclats d’excitation, Nico and the Navigators juxtaposent en petites séquences des moments d’espoir et d’échec, et nous montrent des héros aussi tordus que cette contorsion qu’on appelle la vie, dans laquelle ils peinent à se mouvoir. Si le courage pouvait s’acheter, ils en auraient certainement plein les valises et les cartons qu’ils traînent derrière eux…
Dans ses mains il tient des brochures avec pour titre “Stratégies pour une vie sans mort ni décès”. Pardon? Christoph Glaubacker semble opposer au monde comme une promesse cette maxi assurance-vie. Mais en réalité il se cramponne à ses brochures comme s’il s’agissait de son ultime espoir. Dans “HELden & KleinMUT“ de Nico und the Navigators, ce sont une nouvelle fois de drôles d’oiseaux qui viennent hanter la scène, des artistes pour tout ce qui a trait à la poisse et à la maladresse: entêtés, tendres, emportés, empotés, mélancoliques, bravaches, vils – et la plupart du temps fragiles comme la vie elle-même. Au lieu de vivre, ils s’entraînent à survivre. Nicola Hümpel (mise en scène) et Peter Meier (lumières) plongent dans une lumière chatoyante et une douce ambiance sonore un décor froid, aux formes claires (Oliver Proske). Mais sous cette jolie surface, c’est la peur qui rôde. Et la peur a de multiples visages, et s’exprime dans de multiples langues: celles de l’envie, de la bassesse, la colère, l’hésitation – pour n’en nommer que quelques-unes. Mais comme le montre Nicola Hümpel, là où la peur règne en maître, les hommes en sont réduits à devenir les figurants de leur propre existence, et à naviguer au milieu d’un monde où tous les accès vers d’autres possibles sont barrés. C’est que la peur est mauvaise conseillère. Avec un merveilleux sens de la lenteur et des éclats d’excitation, Nico and the Navigators juxtaposent en petites séquences des moments d’espoir et d’échec, et nous montrent des héros aussi tordus que cette contorsion qu’on appelle la vie, dans laquelle ils peinent à se mouvoir. Si le courage pouvait s’acheter, ils en auraient certainement plein les valises et les cartons qu’ils traînent derrière eux. Et pourtant, tous les objets semblent comme ensorcelés. Car c’est avec une ironique tendresse que Nico and the Navigators contemplent l’existence.
Une production de NICO AND THE NAVIGATORS et des Sophiensæle en coproduction avec le donaufestival. Avec le soutien du Land de Berlin.
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