Pour sa première mise en scène lyrique, N. Hümpel a choisi l’un des chefs-d’oeuvre de Haendel: un opéra merveilleux autour de la folie amoureuse d’Orlando. Quel homme aujourd’hui serait encore pris de folie parce que la femme qu’il courtise l’ignore? A une époque où les hommes étaient encore des chevaliers, cela semblait plausible.
Orlando
Orlando constitue „l’opéra le plus enchanteur de Haendel du point de vue musical“ (Winton Dean). Reposant sur le texte de l’épopée de Ludovico Ariosto Orlando furioso, il s’agit là effectivement d’une oeuvre maîtresse du compositeur, qui parvient à traduire avec force la folie amoureuse du héros sur scène. Quel est l’homme aujourd’hui qui serait pris de folie parce que la femme qu’il courtise l’ignore ? A une époque où les hommes étaient encore des chevaliers et des héros, cela semblait plausible.
Cette nouvelle production repose sur un échange stimulant entre d’une part des artistes venus de la scène indépendante, avec notamment la participation des acteurs Miyoko Urayama et Patric Schott, et d’autre part les membres de la troupe permanente de l’opéra de Halle.
…Une gageure? – Une aubaine! Car Nico ne peut et ne veut en aucun cas s’identifier aux exaltations baroques. Elle prend le parti d’une ironie froide et distanciée, et laisse les personnages s’agiter comme des pantins mécaniques suspendus aux fils de leurs passions folles et floues…
Quel drôle de héros! Engoncé dans son costume gris muraille, c’est un frêle graçonnet qui paraît sur scène, un bonnet cosaque sur la tête, une mallette vide à la main. Les traits de son visage sont empreints de simplicité. D’accord, il est tombé amoureux – mais à quel point? Son mentor, le sage magicien Zoroastro laisse poindre son désaccord, et il n’est pas le seul. Quoi, c’est donc là Roland, le preux guerrier? Le plus noble d’entre tous les chevaliers de Charlemagne? De fait Haendel, cet alchimiste musical et grand stratège de l’opéra, a décalé le personnage d’Orlando à tel point qu’il a transformé l’oeuvre éponyme de 1733 , en comédie, Avec cette parodie d’un héros au tempérament excessif qui, aveuglé par l’amour, sombre dans la jalousie, puis dans la folie, voire l’hystérie, Haendel a signé un de ses succès les plus éclatants à Londres. Le célèbre Farinelli, le castrat favori de Haendel, se déclara „not amused“. Le public du Festival de Halle par contre d’autant plus. Le nouveau directeur Clemens Birnbaum a confié la responsabilité d’ouvrir cette édition à Nicola Hümpel, une metteuse en scène culte de la scène théâtrale indépendante, et qui à la tête de sa compagnie Nico and the Navigators a déjà mis Berlin en émoi. Une gageure? - Une aubaine! Car Nico ne peut et ne veut en aucun cas s’identifier aux exaltations baroques. Elle prend le parti d’une ironie froide et distanciée, et laisse les personnages s’agiter comme des pantins mécaniques suspendus aux fils de leurs passions folles et floues. Pour cela une scénographie dépouillée (Oliver Proske) avec un horizon en arc de cercle dans les tons bleu-gris et des costumes discrets (Frauke Ritter). Des séquences vidéos (Tom Hanke) ont un caractère à la fois illustratif et d’exégèse. La mimique et la gestuelle des acteurs correspondent au caractère schématique de leur sentiments. L’un des coups de maître de Nicola Hümpel est d’avoir incorporé deux de ses Navigators (Miyoko Urayama et Patric Schott) à la pièce : ils tiennent la barre pour mieux saborder la partie avec leurs spirituelles facéties; le rondeau des contagions amoureuses et frivoles prend le tour d’une fable. Le benêt, c’est toujours celui qui se laisse griser par ses sentiments. Ainsi de Médoro par exemple, le rival d’Orlando dans la lutte pour s’attirer les faveurs de la belle Angelica, ou encore de Dorinda, la bergère ingénue. A peine monte t-elle dans les aigus pour entamer la confession de ses élans meurtriers, que les espiègles pantomimes s’empressent de détricoter ses collants rouge vif. Dans une situation similaire, Médoro le fait de lui-même, détricotant sa grotesque cravate au crochet : une mise à nu, au sens propre du terme, qui vient couronner son déniaisement. Ou lorsque Dorinda se met à porter Médoro aux nues, il se met à pleuvoir des flocons en coton. Et quand l’apprentie en amours pastorales se retrouve au final à être la seule victime de l’histoire, la voici – à juste titre - arrosée. Aucune chimère enfiévrée ne demeure impunie, toutes sont brisées net. (...)
Une production de l’Opéra de Halle et des Haendel-Festspiele Halle, en coopération avec NICO AND THE NAVIGATORS.
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